LE SACREMENT DE LA RÉCONCILIATION
Reconnaître la miséricorde de Dieu
Dans un dialogue avec un frère qui représente l’Église, donc un prêtre, en qui je vois un représentant direct de Dieu ; un dialogue fait en priant ensemble, dans lequel je présente ce que je sens en moi, en ce moment ;
je me présente tel que je suis, devant l’Église et devant Dieu.
S’il est chaque fois pénible et si difficile de dire mes péchés, pourquoi ne pas commencer par les bonnes actions ? Saint Ignace lui-même le suggérait dans les Exercices, prenant comme premier point l’action de grâce
Seigneur, je veux d’abord te remercier parce que tu m’as aidé, telle chose a eu lieu, j’ai pu me rapprocher de telle personne, je me sens plus serein, j’ai dépassé un moment difficile, j’ai pu mieux prier. Remercier Dieu de ce que je suis, de son don. Reconnaître ce qui maintenant, devant Dieu, me donne de la joie : je suis content de telle ou telle chose, passée ou présente. Il est important que ces choses émergent devant le Seigneur : la reconnaissance de sa bonté pour nous, de sa puissance, de sa miséricorde.
Je dirai devant Dieu : je regrette de ne pas pouvoir parler sincèrement avec telle personne, mon rapport n’est pas authentique avec tel groupe, je ne sais pas par où commencer. Je regrette de ne pas réussir à prier, je me sens mal à l’aise d’être pris par ma sensualité, par des désirs que je ne voudrais pas avoir, des fantasmes qui me troublent.
Je ne m’accuse peut-être d’aucun péché en particulier, mais je me mets devant le Seigneur et lui demande qu’il me guérisse. Il ne s’agit vraiment pas de mettre sur la table trois ou quatre péchés, pour qu’ils soient annulés, mais d’une immersion baptismale dans la puissance de l’Esprit.
Seigneur, purifie-moi, éclaire-moi, illumine-moi.
Je ne demande pas seulement, dans cette confession, que soit annulé tel ou tel péché, mais que mon cœur soit changé, qu’il y ait en moi moins de lourdeur, moins de tristesse, moins de scepticisme, moins d’orgueil. Je ne sais peut-être même pas par où commencer, mais je mets tout cela dans la puissance du Crucifié et du Ressuscité par la puissance de l’Église.
Une prière qui donne joie et paix
De là naît une prière qui peut être faite avec le prêtre : on peut réciter un Psaume, une prière de la Bible, de remerciement ou de demande, ou même, une prière spontanée sur laquelle une absolution sacramentelle vient comme la manifestation de la puissance de Dieu que je demande parce que je ne suis pas capable de m’améliorer tout seul. Je me remets une fois encore sous la Croix, sous cette puissance qui m’a baptisé pour qu’une fois encore elle me reprenne en main.
Il n’est pas nécessaire que le confesseur me révèle les sources secrètes de mes fautes ; cela pourrait aussi avoir lieu avec un spécialiste du cœur humain, mais même si le confesseur est une personne qui ne sait pas grand chose du cœur humain, il peut toujours prier pour moi, sur moi et avec moi.
Il s’agit de se soumettre à la puissance de l’Église, et donc de retrouver la valeur du sacrement : je vais me confesser non pour sentir des choses intéressantes, ou pour voir quel conseil on me donne, mais parce que
c’est moi qui dois me soumettre à la puissance de Dieu et cela me suffit,
me donne joie et paix.
[«Et Moi, Je Suis avec Vous» p. 76-79.du cardinal MARTINI (Vie chrétienne 1996) ]
Pour un examen de conscience basé sur les BÉATITUDES
(par le père Raniero CANTALAMESSA , fanciscain capucin)
La meilleure façon de prendre au sérieux les Béatitudes évangéliques est de s'en servir comme d'un miroir pour un examen de conscience «évangélique».
Toute l'Écriture, dit saint Jacques, est comme un miroir dans lequel le croyant doit observer sa physionomie calmement, sans hâte, pour se connaître vraiment « comme il est » (cf. Jc 1,23-25), mais la page des Béatitudes l'est d'une manière unique.
« Heureux ceux qui ont une âme de pauvre car le Royaume des Cieux est à eux. »
Suis-je pauvre d'esprit, pauvre intérieurement, abandonné en tout à Dieu ?
Suis-je libre et détaché des biens terrestres?
Que représente l'argent pour moi? Est-ce que je cherche à avoir un
style de vie sobre et simple, comme il convient à ceux qui veulent témoigner de l'Évangile?
Est-ce que je prends à coeur le problème de la pauvreté effroyable, non choisie, mais imposée à des millions de mes frères?
« Heureux les affligés, car ils seront consolés. »
Est-ce que je considère l'affliction comme une disgrâce et un châtiment, à la manière des gens du monde, ou une opportunité pour ressembler au Christ?
Quelles sont les raisons de ma tristesse : celles mêmes de Dieu ou celles du monde?
Est-ce que j'essaie de consoler les autres ou seulement de trouver la consolation pour moi?
Est-ce que je sais garder, comme un secret entre Dieu et moi, mes contrariétés, sans en parler à droite et à gauche?
« Heureux les doux, car ils posséderont la terre. »
Suis-je doux? Il existe une violence en actes, mais également une violence en paroles et en pensée. Est-ce que je domine la colère en moi et en dehors de moi?
Suis-je gentil et affable envers ceux qui me sont proches?
« Heureux les affamés et assoiffés de la justice, car ils seront rassasiés. »
Ai-je faim et soif de sainteté? Est-ce que j'aspire à la sainteté ou me suis-je depuis longtemps résigné à la médiocrité et à la tiédeur?
La faim matérielle de millions de personnes met-elle en crise ma recherche continuelle de confort, mon style de vie bourgeois?
Est-ce que je me rends compte que le monde dans lequel je vis et moi, nous nous trouvons de fait dans la situation de l'homme riche ? ( cf. parabole du riche et du pauvre Lazare)
« Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde. »
Suis-je miséricordieux? Devant l'erreur d'un frère, d'un collaborateur, est-ce que je réagis par le jugement ou par la miséricorde?
Jésus ressentait de la compassion pour les foules, et moi?
N'ais-je pas été parfois le serviteur pardonné qui ne sait pas pardonner lui-même? Combien de fois ai-je demandé et reçu la miséricorde de Dieu pour mes péchés sans me rendre compte du prix que Jésus a payé pour que j'en bénéficie?
« Heureux les coeurs purs, car ils verront Dieu. »
Suis-je pur de coeur? Pur dans mes intentions? Dis-je : oui, oui, non, non, comme Jésus?
Il y a une pureté du coeur, une pureté des lèvres, une pureté des yeux, une pureté du corps... Est-ce que je veille à cultiver toutes ces puretés qui sont si nécessaires, particulièrement aux âmes consacrées ?
L'opposé le plus direct à la pureté du coeur est l'hypocrisie. Et moi, dans mes actions, à qui est-ce que je m'efforce de plaire : à Dieu ou aux hommes?
« Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. »
Suis-je moi-même artisan de paix ? Est-ce que je fais la paix entre tous? Comment est-ce que je me comporte dans les conflits d'opinion, d'intérêt?
Est-ce que je m'efforce de rapporter toujours et seulement le bien, les paroles positives en laissant tomber dans le vide le mal, les potins, tout ce qui peut semer la discorde?
La paix de Dieu est-elle en mon coeur et sinon, pourquoi?
« Heureux les persécutés pour la justice, car le Royaume
des Cieux est à eux. »
Suis-je prêt à souffrir un peu en silence pour l'Évangile?
Comment est-ce que je réagis aux choses fausses ou aux insultes que je reçois?
Est-ce que je participe intimement aux souffrances de tant de frères qui souffrent vraiment pour leur foi, ou pour la justice sociale et la liberté?